La vengeance est un plat qui se mange froid...
- Danièle G
- 20 déc. 2024
- 2 min de lecture
Et me revient en mémoire ce repas de Noël que Léontine, ma voisine, m'avait conté !
Léontine n'avait pas connu son père ou si peu... C'était un marin au long cours et ses escales ne se passaient que très rarement auprès d'elle et de sa mère. Cependant, elle se souvenait de cet unique noël où il s'était annoncé.
Maman, me racontait elle, avait cuisiné, depuis plusieurs jours, des plats dont elle avait le secret : crêpes farcies, cuissots de chapon élevé par ses soins... ou peut-être de dinde, à vrai dire j'ai oublié... Le repas promettait d'être succulent et du haut de mes dix ans j'attendais cet événement avec une impatience incommensurable. Et les commérages de nos voisins ne m'atteignaient pas : je savais que mon père viendrait !!
Si tu ne crois pas au Père Noël, il ne passera jamais...
Et le jour de Noël, sapin dressé et décoré, parée de ma plus belle robe, j'attendais ce père lointain mais aimé. Des odeurs gourmandes emplissaient la maison, ma joie envahissait chaque minute d'attente. Cependant, au milieu de ces douces effluves, une légère inquiétude m'effleurait... Si ce père tant attendu ne venait pas ? Et IL NE VINT PAS... IL NE VINT PAS !!
Ma mère dépitée jeta une partie du repas et mes larmes abondantes ne firent que l'irriter : - Cesse de pleurer me disait-elle, il n'en vaut pas la peine, c'est un mécréant et d'autres qualificatifs que je ne veux pas transcrire ponctuaient sa diatribe...
Ce fut un tournant dans ma vie, me confia Léontine. Je devins maussade et même anorexique. Ce triste repas de Noël reste encore gravé dans ma mémoire.
Je ne revis plus jamais mon géniteur malgré quelque sollicitation de sa part sur la fin de sa vie et je me souviens de ce repas auquel il m'avait convié, dans un restaurant étoilé et auquel je ne suis pas allée au dernier moment !!
-Tu sais, me dit Léontine, la vengeance est un plat qui se mange froid.
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