ALLEZ, OUSTE !
- Laurence de La Chapelle
- 21 déc. 2024
- 3 min de lecture
Arnaud : Toi, t’as pas la langue dans ta poche !
Basile : Et tu ne l’as pas, peut-être !
Arnaud : Moi, je fais attention à ne pas blesser les gens !
Bertrand : Calmos les frérots. C’est Noël, on ne se fâche pas. On déguste la dinde. Agathe, tu veux des marrons ?
Basile : Celle qui a préparé la dinde, c’est pas un cordon bleu !
Bertrand : C’est moi qui l’ai préparée. Je te rappelle que ton soufflé aux bananes à Pâques n’a pas été une réussite ! Quelle idée, d’ailleurs !
Arnaud : Bien joué ! Ça lui en bouche un coin !
Basile : Il en faut plus pour me vexer !
Maman Jacqueline : Ça suffit Basile. Quelle mouche te pique ?
Basile : Rien ! je dis ce que je pense, ce que vous ne faites pas !
Maman Jacqueline : Je te demande de bien te tenir le jour de Noël !
Basile : Ah ! Pour ma mère, il faut encore que je mette les poings sur la table !
Maman Jacqueline : Oui mon fils ! Ne t’ai-je pas répété de tourner 7 fois la langue dans ta bouche et de ne pas faire à autrui ce que tu craindrais qu'on te fît !
Basile : T’es une bonne maman. Mais faut pas pousser Mémé dans les orties. J’ai l’âge de dire ce que je pense et quand je le veux, qu’on le veuille ou non !
Amandine : Il n’y en a que pour toi, Basile ! A chaque fête, il faut que tu la ramènes ! ça ne t’empêche pas de manger comme quatre. Je t’ai vu reprendre deux fois de la dinde !
Basile : Ah Voilà l’Amandine. Celle qui semble tout sucre tout miel comme l’est son prénom d’ailleurs. Mais Amandine n’est pas ce qu’elle paraît. C’est celle qui prêche le faux pour savoir le vrai et va dénoncer à maman ! Mes frères l’ont tous vécu pendant notre enfance. Pas vrai, les frérots ! Ah ! Tu voulais que je t’en réserve une anecdote de notre passé, eh bien ! Je vais te la servir ! Je vais te faire voir, moi, que la vengeance est un plat qui se mange froid !
Maman Jacqueline : Les enfants, ça suffit vos règlements de compte ! Vous n’êtes pas à prendre avec des pincettes ! Vous pourriez faire un effort quand même pour le jour de Noël, ne serait-ce que moi et pour honorer la mémoire de votre père qui vient de partir !
Basile : C’est la vie, maman ! On finira tous dans le trou par manger les pissenlits par les racines. Faut vivre le moment présent et dire ce qu’on a à dire. Restons cool ! Faut pas en faire un fromage ! D’ailleurs, si on passait au fromage !
Arnaud : Mais j’hallucine ! Quel salaud !
Basile : Tout comme notre Père ! Tu vois, les chiens ne font pas des chats ! Aïe ! Maman, tu oses me frapper !
Maman Jacqueline : Un « tien ! » vaut mieux que deux tu l’auras ! Tu en veux une autre !
Bertrand : Ça y est, il as vidé son sac ! Il et temps de remplir nos assiettes maintenant. Vous permettez, je me sers en premier. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Arnaud : J’en reviens pas ! Tu n’as pas été élevé avec les cochons, je crois !
Bertrand : Non ! Mais ici, on a donné de perles à un pourceau et je ne vais pas le servir !
Maman Jacqueline : Les enfants, c’est le jour de Noël, un jour de d’échange et d’allégresse ! Je vous en prie, faites la paix, ça ne mange pas de pain !
Bertrand : Ah ! Ben ça ! C’est la fin des haricots ! Dehors le gougnafier ! Sus à Basile le débile !
D’un bon, ils se levèrent tous. L’un ouvre la porte, les autres éjectent le fils indésirable dehors. La mère était restée à table comme deux ronds de flanc, implore le Seigneur.
Les enfants s’éparpillent et reviennent tous avec des présents. L’un apporte la bûche, l’autre débouche le Champagne, les suivants et en chœur, les yeux pétillants de joie, savourant leur liberté, ils entonnent à l’unisson le chant divin sacré : « Il est mort le mauvais enfant, chantons tous son éloignement !
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