Cher Père Noël,
- Anne Ballner
- 18 déc. 2024
- 2 min de lecture
Je sais que vous et moi représentons l’image de Noël. Quoiqu’il en soit, je vous en laisserais bien volontiers le monopole.
C’est la première fois que je vous écris. Nos rencontres sont fugaces depuis toujours. Dans le secret de la nuit de Noël, vous venez à nos pieds déposer vos offrandes. Que voulez-vous que l’on en fasse ? Nous vivons nos derniers instants sacrifiés au nom de la tradition, illuminés, empapillotés, enrubannés, enguirlandés, emboulés de toute part.
Je suis le grand-père de ma forêt. Autour de moi, mes descendants frémissent tous les ans à l‘approche de l’hiver. Aucun chemin ne mène jusqu’à moi, cela explique ma longévité. Je suis si haut. J’aurais pu être choisi cent fois pour illuminer le marché de Strasbourg. Si ils augmentent le budget et mettent à disposition un hélicoptère pour m’extirper de mon paysage natal, il est possible que je sois sacrifié à mon tour.
Mais je ne vous écris pas pour moi. Je suis vieux. Mes hivers sont comptés. Je sais que je ne suis pas éternel. Père Noël, je vous écris pour tous les sapins du monde.
Pour que le vert de leurs épines continue de colorer les paysages en toute saison.
Pour que les montagnes ne soient pas que neige et roche.
Pour que notre multitude compacte dessine de sombres collines comme d’énormes vagues rondes.
Pour que les branches basses abritent la faune des forêts
Pour que nous ne finissions pas secs et ternes dans les bennes à ordures au mois de janvier.
Alors, Père Noël, s’il vous plait, vous qui recevez le plus de messages du monde entier, pourriez-vous adresser à votre tour une plaidoirie en notre faveur, trouver une idée pour nous remplacer ?
Père Noël, je vous souhaite un très bon Noël, en espérant que nous ne vous verrons plus que sur votre traîneau, passer au dessus de nos cîmes.
Le Beau Sapin Roi des Forêts
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